You don't speak french? No problem: use

vendredi 26 juin 2009

Oui Oui!


Référence photo: 20060216113.JPG http://www.tikiwaka.com/


J'ai un grand-père qui a vécu des années à Lifou, au début du XXème siècle. Il y est arrivé avec sa femme, de Port Vila. A Luengoni, la petite chefferie lui a « donné » un terrain, pour le remercier d’avoir aménagé "la" passe à la dynamite ! Il a ensuite poursuivi son chemin jusqu’à la grande chefferie de Lössi où il a été accueilli : il y a tenu un commerce dans l’enceinte même de la chefferie. Bien entendu, le terrain, la passe et la pièce portent encore son nom, comme bien d'autres espaces... C'est ainsi.

Cette petite histoire démontre que lorsque le respect de l'autre est là, tout est possible : la tradition d'accueil des Kanak est une réalité curieusement méconnue de "spécialistes" extérieurs et locaux, sans doute influencés par leur propre histoire, et pour lesquels il n'y aurait pas eu de contacts entre communautés par le passé! C'est bizarre, parce que comme de nombreux Calédoniens, je suis le fruit de ces échanges et en porte la trace dans mon sang comme dans mes repères culturels.

L'histoire de ce grand-père n’a pas laissé d'empreintes dans les archives écrites, ou très peu. Mais dans le verbe et le paysage oui ! Tout ce que je sais de son long séjour à Lifou, je l’ai appris en discutant avec des Kanak de cette île. Tous avaient quelque chose à m’apporter, y compris des jeunes qui vivent sur Nouméa et qui pouvaient me parler de tel panneau, à tel endroit, qui rappelle son passage, marqué dans la toponymie. Et c'était il y a plus de 80 ans...

A Lifou, les gens ont un mot pour désigner les Blancs : les "Kamadjas". Ils ont un autre mot pour définir plus précisément les Français, sans doute en raison de la fréquence de son utilisation : les "Oui Oui".

Je ne sais si ce grand-père était appelé « Kamadja », « Oui Oui » ou autrement, mais ce qui est sûr et certain, c’est que quand les agents chargés de désinfecter les documents au service des archives, reçoivent l’ordre d’introduire 954 boites sans traitement, eh bien, ils répondent : « Oui Oui ».

L’article 22 de la délibération n°81 du 24 juillet 1990 est pourtant clair :

« Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable de l’exécution des tâches qui lui sont confiées. Il doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public.

Il n’est dégagé d’aucune des responsabilités qui lui incombent par la responsabilité propre de ses subordonnés. »

Alors, qui a dit que dans la fonction publique, il convenait de répondre systématiquement "Oui Oui"?

Nicolas Dubuisson

Responsable CSTNC Administration générale


0 commentaires:

Enregistrer un commentaire