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jeudi 8 octobre 2009

Magouilles consensuelles : "Décharges syndicales et arrangements avec la loi".


Excellent, l’article de Marc Baltzer du 4 octobre 2009 au sujet d’une question déjà abordée dans les Nouvelles du 7 juillet 2009.

Y’en a quelques-uns qui ont du souci à se faire en effet, tant du côté employeur que syndical ! Parce que dans cette histoire où le dialogue social s’accompagne de p’tits clins d’œil complices (« j’ferme un œil et toi aussi ! »), y’a comme un air de changement d’ère. Et bien tant mieux ! A bas les tricheurs qui coûtent cher à la collectivité et qui ne servent pas le syndicalisme -le vrai- pas celui des petits arrangements entre amis !

Mais laissons la parole aux Nouvelles :

"Être payé sans aller au travail, c’est possible quand on est représentant syndical. C’est même légal, si la décharge d’activité est encadrée. Mais dans la fonction publique, cet acquis social fait l’objet d’abus. L’un d’eux est tombé sous l’œil de la justice, récemment.

Un jour, Rosine Streeter, secrétaire générale du SLUA (1), est réapparue à l’OPT, son employeur.
« C’était il y a environ un mois, rapporte un collègue du centre financier de Nouméa. On l’a vue débouler au service des chèques, personne ne s’y attendait. Ça devait bien faire cinq ans qu’on ne la voyait pas. À l’époque, [Jean-Yves] Ollivaud [directeur de l’OPT] disait qu’il ne voulait plus l’avoir dans les pattes, qu’il préférait qu’elle soit en vadrouille. »
Qu’un représentant syndical soit soulagé de son activité professionnelle, totalement ou en partie, rien d’étonnant. C’est même un droit. Mais il y a des règles pour dire qui est déchargé, et de combien de temps. Des règles encore plus précises depuis la réforme du droit syndical de la fonction publique, votée en 2002 (lire ci-dessous). C’est à cette époque, d’ailleurs, que les problèmes de Rosine Streeter ont commencé.
Depuis 2006, son syndicat, le SLUA, n’est plus assez représenté dans la fonction publique pour obtenir des dispenses professionnelles. Or, Rosine Streeter a continué à consacrer une partie importante de son temps de travail à son syndicat, grâce à la tolérance tacite de son employeur.
Si elle est inquiétée aujourd’hui, ce n’est pas du fait de l’OPT, qui connaissait la situation même si l’office refuse de la commenter. C’est parce qu’une enquête a été lancée, cette année, par la brigade financière de la police. En épluchant la comptabilité de l’OPT dans le cadre de l’affaire Ollivaud, la situation de Rosine Streeter a été mise à jour. Une perquisition a été menée à ce sujet au siège de l’entreprise publique.

Les administrations et les syndicats ont des difficultés à appliquer les règles de la représentativité

Car une administration qui paie indûment un fonctionnaire peut se rendre coupable de détournement de fonds publics. C’est le cas, par exemple, lorsqu’une commune fait travailler illégalement son personnel pour le compte de privés. Quant au bénéficiaire, il peut être inquiété pour recel de détournement de fonds publics.
Rien ne dit que l’enquête menée à l’OPT finira en procès. Rosine Streeter est considérée comme innocente tant que les soupçons des policiers ne sont pas confirmés par un juge. Contactée cette semaine, elle n’a pas souhaité réagir. Selon des sources proches de l’office, elle est en train de rassembler des justificatifs d’absence couvrant la période 2006-2009.
En qualité de présidente du SLUA, elle avait droit à une vingtaine de jours par an, pour assister aux congrès et aux réunions directrices. En tant que membre du conseil économique et social (CES), elle était également autorisée à s’absenter lors de travaux.
Quoi qu’il en soit, l’exemple illustre les difficultés qu’ont les administrations et les syndicats à appliquer les règles de la représentativité, pourtant négociées paritairement et votées au Congrès en 2006. Car le cas de Rosine Streeter est tout sauf unique, dans la fonction publique calédonienne (ci-dessous).
Le secteur privé, lui aussi, connaît de tels arrangements. Mais d’une part, de nouvelles règles sont en discussion, contrairement au secteur public, notamment sur la notion de permanent. Et d’autre part, dans le privé, les rémunérations abusives ne pénalisent pas des budgets issus de l’impôt, même si elles demeurent illégales.

(1) Syndicat libre unité action.

Marc Baltzer "

La suite vaut son pesant d’or :

" Une fonction publique plutôt coulante

S’arranger avec les décharges syndicales n’est pas l’apanage de l’OPT. Il s’agit d’une tradition ancrée dans plusieurs collectivités publiques.
Dans la fonction publique territoriale, les décharges d’activité dépendent directement des scores aux élections professionnelles (délégués du personnel et commissions paritaires) des deux années précédentes.
En dessous de 2,5 % pour un syndicat, pas de décharge. Entre 2,5 % et 5 %, ce sera un demi-poste. Puis un poste, entre 2,5 % et 5 %. Le tableau se poursuit jusqu’à 95 % des voix, ce qui correspond à quinze postes à temps plein, le maximum (1).
Tous les ans, le gouvernement publie les chiffres. Ensuite, chaque organisation désigne les représentants auxquels elle accorde une dispense. Celle-ci peut varier de 10 % à 100 % du temps de travail. Avec un poste à temps plein, un syndicat peut ainsi décharger quatre fonctionnaires à 25 %.
Mais ce beau schéma est régulièrement oublié. Les administrations qui avaient l’habitude de s’arranger au cas par cas ont continué, après la réforme de 2002.
« Moi, je suis à 60 % de décharge, explique Joao D’Almeida, patron de la Fédération des fonctionnaires. Mais je ne travaille pas toujours 30 % de mon temps, sinon ce serait impossible de faire tourner le syndicat. ». Avec huit postes déchargés, la Fédération aurait pu dispenser son président à temps plein. Mais en se limitant à 60 % pour Joao D’Almeida (40 % en 2008, 30 % en 2007), il conserve des bouts de postes pour d’autres responsables.
Quelquefois, l’arrangement va au-delà du simple arrondi statistique. Certains responsables bénéficient de décharges totales alors qu’ils ne figurent dans aucun registre. Du temps de travail « au noir », en quelque sorte, que les collectivités offrent avec l’argent public.
Jusqu’à cette année, l’ex-patron de Force ouvrière, Jean-Claude Nègre, était dans cette situation. Pendant des années, « j’ai été totalement déchargé à l’hôpital, alors que c’était illégal », reconnaît l’intéressé, responsable prévention des risques au CHT. Le « deal » conclu entre FO et la direction a cessé quand Jean-Claude Nègre a été remplacé à la tête du syndicat.
Wazana Naxue, du SOTPM (affilié Cogetra-SFPT), est également dans une situation ambivalente. Institutrice à la province Sud, elle n’a pas de décharge officielle. « Mais l’employeur peut m’en donner une, concède-t-elle. Avant la dernière mandature [provinciale], mon employeur m’avait laissé une décharge totale sur la base d’une présomption de représentativité (...) Normalement, mon syndicat devrait payer des permanents, mais on fonctionne seulement sur les cotisations, c’est impossible. Ce sujet, c’est une poudrière, même si ce sont des arrangements que tout le monde connaît. »

(1) Délibération n° 310 du 27 août 2002 relative à l’exercice du droit syndical dans la fonction publique. "

Alors l’un se décharge à 60 % alors que l’organisation qu’il dirige bénéficie de 8 décharges complètes, tout en avouant ne pas travailler toujours 30% de son temps, "sinon ce serait impossible de faire tourner le syndicat"... Ben voyons! Et les autres décharges complètes, elles servent à quoi ?

L’autre considère que "c’est une poudrière, , même si ce sont des arrangements que tout le monde connaît." Et alors ? C’est illégal, tout simplement. Une magouille diraient certains…

La palme de la déclaration revient quand même à l’inégalable Jean-Claude Nègre qui reconnaît : "pendant des années, « j’ai été totalement déchargé à l’hôpital, alors que c’était illégal »". A l’insu de son plein gré quoi ! En voilà un bel aveu en tout cas…

L’article précise : "Le « deal » conclu entre FO et la direction a cessé quand Jean-Claude Nègre a été remplacé à la tête du syndicat."

C’est curieux, parce qu’en 2006, j’avais écrit à la présidente du gouvernement pour lui demander sur quelle base légale reposait l’absence totale de Jean-Claude Nègre du CHT, lieu où il était censé s’occuper de la sécurité de cet établissement public hospitalier pourtant bien malade ! Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie avait botté en touche en répondant que c’était de la compétence directe du CHT, mais monsieur Nègre avait rapidement retrouvé un beau bureau, avec son nom sur la porte… Et j’apprends là qu’il ne l’occupait même pas ?

Que dire de plus ? J’espère que tout ce beau monde (tricheurs employeurs et syndicalistes) se prendront une bonne décharge du côté de la justice, histoire de remettre les pendules à l’heure.

"Car une administration qui paie indûment un fonctionnaire peut se rendre coupable de détournement de fonds publics. C’est le cas, par exemple, lorsqu’une commune fait travailler illégalement son personnel pour le compte de privés. Quant au bénéficiaire, il peut être inquiété pour recel de détournement de fonds publics."

C’est bon à savoir. Certaines grenouilles de bénitier se diront : "Mon Dieu, pourvu que la justice ferme les deux yeux" (pas grave, puisqu’elle est aveugle !) "et qu’aucun procédurier ne porte plainte pour détournement de fonds publics contre les uns et recel contre les autres", parce que ça sentirait la grande lessive tout d’un coup ! Si on ne peut même plus magouiller en paix maintenant, c’est la fin du monde, enfin ... d’un monde ! Celui de Papy et de ses grosses magouilles bien sûr !

Ben nous, il y a déjà plusieurs mois, on a demandé à la chambre des comptes une enquête sur l’ensemble des emplois fictifs du monde du travail (y compris ceux-là) : on verra bien ce que ça donnera !

Nicolas Dubuisson
Responsable CSTNC Administration générale

samedi 19 septembre 2009

Harcèlement moral: "Le suicide en entreprise est rarement reconnu comme un accident du travail."


"Pour la première fois, le suicide d'une salariée de France Telecom a été déclaré à la Sécurité sociale comme un accident du travail. Cette précision a été apportée, mardi 15 septembre, en marge de la rencontre entre le ministre du travail, Xavier Darcos, et le PDG du groupe, Didier Lombard.

Le 11 septembre, une femme de 32 ans s'était donné la mort, à Paris, sur le site de France Télécom où elle était employée. Le signalement de son décès à la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) résulte uniquement de l'application des textes : lorsqu'une personne meurt sur son lieu de travail, l'employeur est tenu de la déclarer ; à l'administration s'il s'agit d'un fonctionnaire, à la "Sécu" si c'est un salarié soumis au code du travail. La jeune femme qui a mis fin à ses jours le 11 septembre était une contractuelle de droit privé, alors que les autres suicides survenus dans des sites de France Telecom ces dernières années concernaient des fonctionnaires.

Ces cas de figure restent extrêmement rares en France. D'après la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), 49 suicides ont été déclarés en 2008 comme ayant une cause professionnelle (21 au cours du premier semestre 2009). Ces chiffres englobent des décès qui ont eu lieu dans l'enceinte de l'entreprise ou en dehors.

S'agissant des suicides commis sur le lieu de travail, la Sécurité sociale enquête pour s'assurer qu'ils sont liés aux conditions dans lesquelles la victime exerçait sa profession. Pour les personnes qui se donnent la mort à l'extérieur de l'entreprise, leurs ayants-droit doivent apporter la preuve qu'un tel geste a été provoqué par le travail, ce qui dans les faits s'avère très compliqué. Au final, un suicide sur cinq déclarés à la "Sécu" est reconnu comme accident du travail.

"Dans le cas de France Télécom, la direction mettra sans doute tout en oeuvre pour démontrer que le suicide du 11 septembre n'a pas d'origine professionnelle et qu'il résulte des problèmes personnels de la salariée", commente Noëlle Burgi, chercheur au CNRS et membre de l'Observatoire du stress fondé par la CFE-CGC et SUD-PTT. Une entreprise y a, en effet, intérêt car le montant des cotisations qu'elle verse à la branche accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP) augmente si le nombre de morts imputables au travail s'accroît.

Lorsqu'un suicide est reconnu comme un accident du travail, par une CPAM ou par le tribunal des affaires de Sécurité sociale (TASS), les proches de la victime ont droit à une rente. Ceux-ci peuvent également saisir le TASS pour que l'employeur soit condamné pour "faute inexcusable". Si la justice leur donne gain de cause, la rente est majorée et ils bénéficient de dommages et intérêts. Mais cette procédure est peu utilisée, explique Me Rachel Saada.

Non-lieu

Un recours au civil devant le tribunal de grande instance est aussi possible si la famille du salarié estime avoir subi un préjudice qu'il faut réparer par des dommages et intérêts. En revanche, les actions au pénal semblent très incertaines. Le plus souvent, les parquets n'ouvrent pas d'enquête sauf si les proches de la victime portent plainte. Les investigations qui sont alors conduites se soldent en général par un non-lieu ou par un classement de suite. C'est, par exemple, ce qui s'est produit dans l'affaire des trois salariés du Technocentre de Renault, qui avaient mis fin à leur jour en 2006 et en 2007.

"Toutes ces démarches ne sont pas seulement importantes d'un point de vue financier, elles permettent aussi aux proches des salariés qui se sont suicidés d'espérer mieux faire leur travail de deuil", estime Mme Burgi. "

Bertrand Bissuel et Cécile Ducourtieux

Gambie: la CSI et la FIJ saluent la libération des journalistes.

CONFÉDÉRATION SYNDICALE INTERNATIONALE


CSI en ligne
137/10909

Gambie: La CSI et la FIJ saluent la libération des journalistes

Bruxelles, le 4 septembre 2009 (CSI EnLigne): La CSI s’est jointe à la Fédération internationale des journalistes pour saluer la libération des six membres du syndicat des journalistes de Gambie, GPU, condamnés le 6 août par la cour suprême de Banjul à une peine de deux ans ferme, assortie d’une amende de 20 000 dollars US, pour diffusion d’informations séditieuses et diffamation criminelle.

Selon le GPU, les six journalistes, Sarata Jabbi-Dibba, Emil Touray et Pa Modou Faal, respectivement vice-présidente, secrétaire général et trésorier du GPU, Pap Saine et Ebou Sawaneh, éditeur et rédacteur du journal The Point, et Sam Sarr, rédacteur du journal Foroyaa, ont été libérés hier, le 3 septembre, à 21 heures.

Toujours selon le syndicat, le ministre de l’Intérieur, Ousman Sonko, a qualifié la grâce présidentielle de geste « humanitaire » du président Yahya Jammeh s’inscrivant dans l’esprit du ramadan.

Les six journalistes avaient été arrêtés en juin pour avoir fustigé publiquement les propos du président Jammeh au sujet de Deyda Hydara, un éminent journaliste gambien assassiné en 2004 dans des circonstances non encore élucidées. Le septième journaliste, Abubcarr Saidykhan, de Foroyaa, avait été arrêté puis libéré.

La CSI et la FIJ avaient condamné leur arrestation de même que le déroulement de leur procès à huis clos, entaché de nombreuses violations de procédure. Les fédérations avaient également soutenu l’impressionnante campagne menée par le GPU pour obtenir la libération des journalistes.

« La FIJ a soutenu dès le début que le procès était injustifié et nous sommes heureux que le président Jammeh l’ait compris et ait gracié les journalistes, a annoncé Jim Boumelha, président de la FIJ. Nous espérons qu’il s’agit du commencement d’une ère nouvelle où les journalistes seront traités avec respect et qui conduira à une réforme drastique des lois sur la sédition et la diffamation en particulier, et à l’introduction de lois sur la liberté d’information et sur l’accès à l’information, conformément aux normes internationales. »

La CSI représente 170 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 312 organisations nationales de 157 pays.
Sites web: http://www.ituc-csi.org et http://www.youtube.com/ITUCCSI

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse de la CSI aux numéros suivants:
+32 2 224 0204 ou +32 476 621 018.

vendredi 18 septembre 2009

Harcèlement moral: "Si on ne repense pas le travail, il faut s'attendre à pire que des suicides".

Trouvé sur lemonde.fr, cet article intéressant sur le suicide sur le lieu de travail. Compte tenu du sujet abordé, il mérite sa présentation intégrale ici. De plus, le site renvoie à des articles tout aussi intéressants sur cette question. Ils seront présentés sur ce blog les uns après les autres.

"Auteur de "Suicide et travail : que faire ?" (PUF, 2009), Christophe Dejours, psychanalyste, appelle à repenser le travail pour sortir des logiques gestionnaires qui détruisent le tissu socio-professionnel tout en faisant croire qu'elles traitent les problèmes des salariés.

Pourquoi parle-t-on plus aujourd'hui du suicide au travail ?

Christophe Dejours : Parce que les suicides sur les lieux de travail n'existaient pas avant. Ils sont apparus il y a une douzaine d'années, sans avoir été relayés. Le tournant s'est opéré en 2007, avec les cas de suicides chez Renault et Peugeot.
Les premiers suicides dont j'ai entendu parler constituaient pour moi une forme de décompensation psycho-pathologique parmi d'autres. C'est la répétition des choses qui est devenue hallucinante. Non seulement, il y avait un suicide sur les lieux de travail mais généralement il ne se passait rien après. Ces suicides au travail marquent incontestablement une sorte de bascule qui frappe le monde du travail.

Pour un suicide lié au travail combien de tentatives de suicide et de personnes internées en raison du travail ?

On ne peut pas le chiffrer car on n'a pas fait d'enquêtes épidémiologiques. Le ministère du travail fait la sourde oreille à mes demandes. Grâce à la commission mise en place par le gouvernement et dirigée par David Le Breton et dont je suis membre, nous avons réussi à obtenir que dans les statistiques sur les conditions de travail, il y ait désormais un item lié au suicide-travail. D'après une étude réalisée en 2005 en Basse-Normandie, on arrive à un taux de suicide, quand on l'extrapole à l'ensemble de la France, de 300-400 suicides par an. Mais le chiffre ne change rien.

Dans votre ouvrage, vous invalidez la défaillance individuelle comme seule raison du suicide...

Il y a des cas de suicides que l'on ne peut imputer à des difficultés dans l'espace privé : troubles névrotiques, psychotiques, dépressifs, des symptômes précurseurs, ni à un terrain de vulnérabilité particulière. C'est même là aussi une bascule pour la psychopathologie générale.
Ce qui est surprenant c'est que nous avons des personnes qui vont très bien et qui se suicident. On ne peut les expliquer avec les références habituelles de la psychiatrie. Il y a une bascule dans l'ordre social, dans le fonctionnement de la société, c'est aussi le signe d'une rupture dans la culture et la civilisation : les gens se tuent pour le travail. Cela oblige à repenser les catégories habituelles de notre discipline et à revoir ce que les sociologues du suicide disent, en particulier Emile Durkheim dans son livre Le Suicide qui contestait les positions des psychopathologues. Du coup, on est obligé de revenir à ce qui se dit sur la solitude. On avait donc un peu raison.

Vous écrivez qu'il y a trente ans, il n'y avait pas de suicide au travail pour deux raisons : la résistance à l'effort et des solidarités plus fortes...

Oui, il y avait les autres, un collectif de travail, des stratégies de défense. On ne laissait pas un type s'enfoncer. J'ai vu des ouvriers alcooliques qui ne pouvaient pas monter sur les toits pour travailler. Les copains lui demandaient de rester en bas. Ils faisaient le boulot à sa place. Vous vous rendez compte de ce que cela veut dire en termes de prévention de l'accident, de prévention du suicide, de prévention des troubles psychopathologiques ? C'est impensable aujourd'hui ! On apprend aujourd'hui le pire alors qu'on apprenait le meilleur hier : la solidarité. C'est parce qu'on a adopté de nouvelles méthodes au travail que l'on a aujourd'hui un désert au sens arendtien du terme : la solitude totale.


C'est ce que vous appelez le passage du critère "travail" au critère "gestion du travail"...

A partir des années 1980, les gestionnaires se sont imposés dans le paysage, en introduisant l'idée que l'on pouvait faire de l'argent non pas avec le travail mais en faisant des économies sur les stocks, les ratés, les retouches, les effectifs. Tout ce qui est à la marge peut être l'objet d'économies. Partout, on vous apprend que la source de la richesse c'est la gestion des stocks et des ressources humaines, ce n'est plus le travail. Nous le payons maintenant ! Cette approche gestionnaire croit mesurer le travail, mais c'est conceptuellement et théoriquement faux ! Il n'y a pas de proportionnalité entre le résultat du travail et le travail. C'est très grave, car cela signifie que la comptabilité est fausse. D'où la contestation.

C'est donc le décalage entre la réalité du travail et la vision gestionnaire qui augmente le stress des salariés ?

Les gestionnaires qui ne regardent que le résultat ne veulent pas savoir comment vous les obtenez : c'est un contrat d'objectif, disent-ils. C'est comme ça que les salariés deviennent fous, parce qu'ils n'y arrivent pas. Les objectifs qu'on leur assigne sont incompatibles avec le temps dont ils disposent.

Cette logique gestionnaire se rapproche-t-elle de la logique totalitaire selon la conception d'Hannah Arendt, que vous citez dans votre bibliographie ?

C'est assez difficile d'être affirmatif mais la question est posée, car les gens sont amenés à faire des tâches qu'ils réprouvent et il y a une machinerie très puissante qui est mise en œuvre et qui a avec le totalitarisme ce point commun qu'on traite l'humain comme quelque chose d'inutile, d'interchangeable. On lance des slogans pour faire croire qu'on fait des ressources humaines mais dans la réalité, c'est la gestion kleenex : on prend les gens, on les casse, on les vire. L'être humain au fond est une variable d'ajustement, ce qui compte, c'est l'argent, la gestion, les actionnaires, le conseil d'administration.

Ce qui pose forcément la question de la responsablité...

A l'évidence, ce sont les dirigeants d'entreprise, des politiques d'entreprise, le Medef, la refondation sociale mais aussi l'Etat, qui sont responsables. Il joue toujours un rôle de régulateur et là il s'est aligné sur le Medef. La responsabilité est aussi partagée par nous tous dans notre rapport au système qui ne marche pas sans notre collaboration, notre intelligence, notre zèle. Toute organisation du travail est aussi une organisation politique et une certaine conception de la domination.

Qu'entendez-vous par "repenser le travail" comme solution à la dégradation de la santé mentale au travail ?

Il faut rompre avec les modèles d'évaluation dont je vous ai parlé et repenser le travail à partir du travail collectif : c'est la question de la coopération et des instruments d'analyse du travail collectif. Puis, il ne faut plus mesurer le travail mais entrer dans la matérialité du travail. Enfin, c'est possible, puisque je l'ai fait dans un certain nombre d'entreprises. Quand on fait ce changement de cap, ce n'est pas qu'une catégorie particulière qui souffre, c'est tout le monde. Car c'est un réel changement de posture. Mais une fois que le mouvement est lancé, les gens vont beaucoup mieux.

Votre modèle casse la logique du Medef ?

Effectivement, mais il y aussi des patrons qui viennent me voir pour me demander de changer les instruments d'évaluation. N'oublions pas que l'évaluation du coût de la santé mentale au travail représente 3 à 6 % du PIB aujourd'hui dans tous nos pays. Donc les gens ont tout à gagner à faire ce travail de réévaluation.

Votre méthode a-t-elle rencontré des échecs ?

Oui, des démarches s'arrêtent en cours de route. L'idéologie de France Télécom, c'est de casser les gens, les faire plier. Les gens ne comprennent plus. D'un côté, on demande aux cadres de virer des gens, de l'autre, on leur dit, vous êtes responsables de dépister les gens qui ne vont pas bien. La responsabilité incombe à ces managers tiraillés entre recevoir l'ordre de casser les gens et d'en assumer la responsabilité. Ils tombent malades. Mais il y a aussi le suicide, l'infarctus, l'hémorragie cérébrale. Pour en sortir, il faut un accord négocié sur la démarche et sur la cohérence par rapport à la politique de l'entreprise.

Sinon vous prenez le risque d'être associé à un alibi ?

Oui. Mais nous ne voulons pas passer pour un alibi, car à ce moment-là, nous échouons. Les alibis, ce sont les autres, ceux qui font de la gestion individuelle du stress, qui vendent de la relaxation. Les coachs, eux sont la vitrine et l'effet slogan. Ils font croire qu'ils font quelque chose. Et quand cela ne marche pas, ils disent aux salariés : "Vous ne savez pas gérer votre stress".

Une personne peut en cas de détresse se suicider mais aussi retourner son arme contre ses collègues, sa hiérarchie ou saboter gravement l'entreprise ? Est-ce déjà arrivé ?

Des tentatives de meurtres ont déjà été enregistrées. J'ai vu un gars armé tenir en joue tout l'état-major de l'entreprise pendant une matinée. J'ai vu aussi des sabotages extrêmement graves, notamment dans des centrales nucléaires.

Ces cas sont-ils récents ?

On a arrêté des sabotages au dernier moment. Mais je ne peux pas vous en dire plus, je suis sous le sceau du secret. Souvenez-vous de ce cas connu à la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritine), où une personne a cassé la 1re tranche, puis la 2e tranche, puis la 3e tranche en une heure et demie. Il a failli détruire tout le centre de production nucléaire, alors qu'il y a des maîtres-chiens, des contrôles. Comment a-t-il fait ? Si ce n'est au moins avec la passivité des copains. Dans une autre centrale, le gars voulait découpler la centrale du réseau. S'il y était parvenu, la centrale aurait sauté. Ce sont des membres de la CGT qui lui ont "cassé la gueule" pour l'arrêter.

Propos recueillis par Gaïdz Minassian

Colombie: deux autres assassinats endeuillent une fois de plus le mouvement syndical.

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CSI en ligne
136/04909

Colombie: Deux autres assassinats endeuillent une fois de plus le mouvement syndical

Bruxelles, le 4 septembre 2009: Cette semaine, deux autres syndicalistes colombiens, GUSTAVO GÓMEZ et MAURICIO ANTONIO MONSALVE VÁSQUEZ, ont été tués, ce qui porte à 27 le nombre de militants syndicaux assassinés en Colombie depuis janvier 2009. Le mouvement syndical insiste auprès des autorités pour qu'elles prennent toutes les mesures nécessaires pour en finir avec ce bain de sang.

Le 21 août, des inconnus se sont présentés au domicile de Gustavo Gómez, salariés de Nestlé-Comestibles la Rosa S.A. et membre du SINALTRAINAL. Lorsque ce dernier a ouvert la porte, les individus lui ont tiré dessus à dix reprises. Il est décédé quelques heures plus tard.

Ce crime s’est produit alors que le syndicat avait présenté un cahier de revendications à la société Nestlé Purina PetCare de Colombia S.A.

Mauricio Antonio Monsalve Vásquez était enseignant et avait disparu depuis dix jours lorsque son corps a finalement été découvert, enterré à Ituango dans une zone appelée Santa Lucia. Il n’a pas encore été possible de faire toutes les démarches nécessaires pour le rapatrier afin de lui donner une sépulture.

Les membres du SINALTRAINAL, qu’il s’agisse d’enseignants ou de travailleurs, sont victimes d’une persécution sans merci qui, pour l’année en cours, se solde par la mort de 12 travailleurs de Nestlé, tous membres de l’organisation, et de 13 enseignants, dont 6 étaient affiliés au syndicat.
Dans une lettre adressée aux autorités colombiennes, la CSI demande instamment au président Álvaro Uribe de lancer immédiatement une enquête pour traduire les responsables de ces crimes en justice et de prendre les mesures appropriées pour protéger la vie des syndicalistes et s’assurer que toutes et tous bénéficient de la liberté syndicale conformément aux conventions fondamentales de l’OIT que la Colombie a ratifiées.

La CSI représente 170 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 312 organisations nationales de 157 pays.

http://www.ituc-csi.org et http://www.youtube.com/ITUCCSI

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse de la CSI aux numéros suivants: +32 2 224 0204 ou +32 476 621 018.

jeudi 17 septembre 2009

Service des Archives: nomination du nouveau chef de service.

And the winner is … Ingrid Utchaou. C'est donc une nouvelle chef de service!

La nomination annoncée par les Nouvelles calédoniennes d’hier (au fait, les responsables du site du gouvernement doivent tous être touchés par la grippe A: les dernières décisions publiées remontent au ... 26 mai 2009!) ne correspond donc pas à nos attentes. Le 23 juin 2009, nous avions en effet donné la position de la CSTNC. Or, Ingrid n’est pas neutre, elle a en effet activement soutenu l’ancien chef de service en demandant son maintien, alors qu'il n'avait pas les compétences requises et notamment le diplôme.

Soyons positifs: l'heureuse élue est titulaire du DESS d’archivistique de Mulhouse (le premier DESS mis en place dans le système universitaire français). C’est une jeune Kanak qui nous a démontré ces derniers temps qu’elle pouvait faire respecter les règles propres à un service d’archives, ce qui est loin d’être le cas de la seconde candidature interne au service des Archives. Il n’y avait donc pas photo.

Et c'est toujours mieux que la situation scandaleuse maintenue durant 9 ans, qui nous a obligés à multiplier les actions en justice pour faire respecter le droit... Après ça, le haussaire viendra nous dire qu'on est dans un Etat de droit! Oui, mais quand ça arrange les détenteurs du pouvoir. Et nous, on passe pour des procéduriers, forcément!

Dans l'intérêt général, espérons qu’Ingrid fasse appliquer les règles évoquées plus haut avec rigueur (et non pas avec le laxisme précédent, que certains, par paresse, clientélisme, incompétence, négligence, etc. confondaient avec de la souplesse, ce qui est autre chose) et tout ira bien.

Pour cela, il lui faudra se libérer de l’emprise de l’ancien chef de service, qui parasite toujours le secteur culturel. La séparation des Affaires coutumières de la Culture devrait régler ce problème une bonne fois pour toute: vivement donc que la Coutume obtienne enfin son indépendance, c'est quand même la moindre des choses!

Dans le cas où les dysfonctionnements constatés jusqu’à présents se poursuivraient, Claude et moi serions bien entendu toujours là pour les dénoncer, comme nous le faisons depuis 16 ans maintenant.

Nous serions là aussi pour apporter notre pierre, si elle était attendue du moins, ce qui ne semble pas être le cas pour l'heure: ma mission "titanesque" (selon Guy Solal) n'a toujours pas été annoncée aux administrations concernées (j'ai pourtant remis un projet de circulaire en février); j'attends toujours les circulaires visées par la lettre de mission du 27 mai 2008; je suis toujours "interdit de séjour" au service des Archives. C'est à croire finalement que la direction générale des services ne souhaite pas me voir mener une mission sur les Archives qu'elle m'a pourtant imposée dans des conditions difficiles (après une exclusion de trois mois sans traitement, pour ceux qui l'auraient oublié!). Qu'elle me la retire alors, je ne suis pas contrariant, mais j'aimerais bien pouvoir travailler, un peu, histoire de justifier mon salaire...

Nous l’avons toujours dit : s’il appartient au gouvernement de la Nouvelle Calédonie de ... gouverner, il nous revient, en tant que syndicalistes, de défendre nos droits. Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons changer d’attitude: sauf erreur, nous sommes payés pour participer à la protection du patrimoine.

Pour ceux qui s'intéressent à cette question, lisez les Variations sur les arts premiers de l'excellent Jean Guiart: c'est un régal du début jusqu'à la fin. Monsieur Guiart est un grand bonhomme et il remet à leurs place les médiocres qui pullulent dans le patrimoine. Ses écrits constituent un précieux héritage et nous l'en remerçions vivement. Lui aussi a dû mener des actions en justice pour faire respecter les règles de l'art... Qu'est-ce qu'on dit? Ben "Vive la France" tiens...

S'il savait qu'un de ces dons, réalisé avec la condition écrite de lui demander l'autorisation avant toute communication, a été librement consulté, suite à l'intervention directe de l'ancien chef de service qui connaissait pourtant cette condition, par un ethnologue qui ne le porte manifestement pas dans son coeur, il se dirait sans doute que les travers dénoncés par lui au Musée de l'homme ne sont pas très éloignés de ceux constatés par nous au service des Archives et d'une manière générale dans le domaine du Patrimoine local. Le système administratif français n'est décidément pas le modèle que l'on croit! Vivement la réforme...

Nicolas Dubuisson
Responsable CSTNC Administration générale.

Iran: la CSI contribue à l’Examen périodique universel des Nations unies.

CONFÉDÉRATION SYNDICALE INTERNATIONALE


CSI En ligne
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Iran: la CSI contribue à l’Examen périodique universel des Nations unies

Bruxelles, le 1er septembre 2009 (CSI EnLigne): La CSI a présenté, en vue de l’examen périodique universel des Nations unies, qui est une procédure de très haut niveau des Nations unies dans le domaine des droits de l’homme, un document détaillant les violations par l’Iran des droits fondamentaux des travailleurs. L’Iran fera l’objet d’une discussion lors de la 7ème session du Groupe de travail sur l’examen périodique universel, qui se tiendra du 2 au 10 février 2010.

La CSI et les Fédérations syndicales internationales appellent depuis des années à l’instauration de droits démocratiques pour tous les Iraniens, y compris la liberté syndicale et la liberté d’organisation, la fin de toute répression violente, la libération de tous les syndicalistes emprisonnés, la reconnaissance de toutes les organisations de travailleurs indépendantes en Iran, la ratification de toutes les normes fondamentales du travail et le respect de celles-ci, la fin de toute répression antisyndicale et la réintégration des travailleurs injustement licenciés.

L’examen périodique universel des Nations unies a été créé en 2006 par l’Assemblée générale des Nations unies, en même temps que le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (UNHRC). Il consiste à mener, tous les quatre ans, un examen de la situation des droits de l’homme dans chacun des 192 États membres des Nations unies, et est destiné à « favoriser, soutenir et étendre la promotion et la protection des droits de l’homme ».

Parallèlement aux actions menées par le mouvement syndical international devant l’Organisation internationale du travail afin de presser l’Iran de respecter les normes fondamentales du travail, le document présenté par la CSI en vue de l’examen périodique universel expose un véritable catalogue d’atteintes graves à ces normes, et invite l’Iran à respecter ses obligations internationales, tant vis-à-vis de l’OIT que du Pacte international des Nations unies relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, dont l’article 8 prévoit le droit de former des syndicats et de s’affilier à ces derniers, ainsi que le droit de grève.

Pour consulter le document soumis par la CSI au sujet de l’Iran en vue de l’examen périodique universel des Nations unies, veuillez vous rendre à l’adresse suivante: http://www.ituc-csi.org/IMG/pdf/UPR_review_of_Iran.pdf

La CSI représente 170 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 312 organisations nationales de 157 pays.
Site web: http://www.ituc-csi.org http://www.youtube.com/ITUCCSI
Pour de plus amples informations, veuillez contacter le service presse de la CSI au: +32 2 224 0204 ou au +32 476 621 018.

mercredi 16 septembre 2009

Un instant magique, sur le lieu de travail: ça peut arriver!

Voici le commentaire laissé sur Caledosphere, le 25 juillet 2009, dans un billet intitulé "A propos des signes identitaires".

Il y a des jours comme ça, où on reçoit un cadeau du ciel: ça a été mon cas ce jour là, sur le lieu de travail, ce qui plus est!

"#296 Nicolas
juillet 25th, 2009 at 9:50
Pour ceux qui aiment « Nengone », voici le son.
A ce sujet, je vais vous raconter une petite histoire. Je vous prie d’avance de bien vouloir en excuser la longueur.
Un soir, en 2006, j’ai entendu chez un ami kanak un chant celte qui m’a interpellé : la mélodie me rappelait celle de « Nengone ». La suite est intéressante. Voici le message que j’ai expédié à Tahiti le 23 août 2007 :

« Sent: Thursday, August 23, 2007 12:11 PM
Subject: Recherche sur l’origine d’un chant kanak

Iaorana,
Je mène actuellement une petite recherche sur l’origine d’un chant kanak de Maré (intitulé « Nengone », nom de l’île de Maré en langue kanak de l’endroit). Je me suis dit que vous pourriez m’orienter.
J’ai reconnu l’air de ce chant en écoutant l’an dernier un CD de chansons traditionnelles celtes.
En en discutant mercredi dernier avec un historien calédonien, j’ai appris que durant la seconde guerre mondiale, alors qu’ il était responsable d’une section et qu’il avait sous son autorité des soldats originaires de Maré, ces derniers chantaient tous les soirs la chanson « Nengone » qu’il l’appréciait beaucoup. L’un de ces soldats a raconté que durant la première guerre mondiale, des engagés volontaires polynésiens venus en Calédonie (en attendant leur départ pour la France), ont passé 15 jours à Maré. Le dernier jour, ces engagés polynésiens auraient chanté une chanson en tahitien sur cet air. C’est donc durant la seconde guerre mondiale que des paroles en « Nengone » ont été composées sur le même air.
De plus, le même jour, j’ai également discuté avec un pasteur originaire de Tiga, île proche de Maré, locuteur de « Nengone ». Je lui ai fait écouter la chanson celte pour lui demander ce qu’il en pensait, sans rien lui dire: il a immédiatement reconnu le chant « Nengone » puis me l’a chanté … en tahitien: il l’avait appris dans cette langue tout petit …
Pourriez-vous SVP me dire me donner le titre tahitien de cette chanson et éventuellement me communiquer les paroles?
En voici les paroles telles que le pasteur s’en souvient (il est né en 1941) et telles qu’il les a retranscrites (désolé donc pour les fautes!):

« Haere ma tu ta too haere ma here
Maite oteru pa tiare
Pe teru peru pe he te ne hene he
Ma i te too teure ra i e

Iaorana tu te fenua
Ua fara ite neï mane i matu
Ite tu raï too ta
Iaorana ore Tahiti e … »

Je joins à ce message les paroles de la chanson celte ( »Maggie »).

Je suis évidemment preneur de toute information relative à cette chanson en Polynésie (paroles en tahitien et traduction si possible, références d’interprètes, etc.)
Je vous remercie par avance. »

J’ai eu quelques soucis entre-temps et n’ai pu mener à bien cette recherche. Mon but est de finir par identifier le chant polynésien offert durant la première guerre mondiale (voire d’autres versions), puis de retourner LA mélodie au pays des Celtes, d’où elle vient, dans le respect du droit de chaque pays qui l’aura marquée de ses mots, avec de nouvelles paroles toutefois : une partie de l’histoire de cette magnifique mélodie sur laquelle je travaille actuellement. J’ai de la chance : mon beau-frère est musicien, et Tahitien !
Cette histoire n’est pas unique : nombreux sont les chants introduits par les pasteurs et pères, et sans doute par d’autres, qui ont été repris par les gens de l’endroit, partout dans le monde.
J’ai découvert « Playing for change » sur Caledosphere il y a peu : mon rêve serait d’entendre chanter la saga « Nengone » (de « Maggie à « Nengone ») par ces artistes, avec un arrangement de « Playing for change » bien sûr ! Et pourquoi pas un hymne sur cet air après tout ?
Pour ma part, je dédierai le fruit de cette recherche à Luc Chevalier, (celui qui m’a raconté une partie de l’histoire de Nengone : c’était un bon Vieux) et aussi bien entendu au pasteur de Tiga, qui avait eu la gentillesse de me permettre de l’enregistrer en train de chanter « Nengone » en tahitien.
Il y a des jours, comme ça, où il se passe des choses incroyables : ça a été le cas pour moi ce mercredi après-midi, avec ces deux Vieux qui occupaient chacun une salle de lecture.
Pour en revenir aux signes identitaires, la musique en est un : ne voilà-t-il pas effectivement un bon exemple de concept fédérateur par excellence ?

Nicolas Dubuisson
Responsable CSTNC Administration générale

mardi 15 septembre 2009

Brésil: persécution et assassinat de leaders et de militants ruraux.

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134/010909

Brésil: persécution et assassinat de leaders et de militants ruraux

Bruxelles, le 1er septembre 2009 (CSI EnLigne): La CSI se joint à ses organisations affiliées brésiliennes, la CUT, la CNPL, Força Sindical et l’UGT, pour exprimer sa profonde consternation et condamner l’assassinat d’Elton Brum Da Silva, militant du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) et la tentative d’assassinat visant Elio Neves, Secrétaire général de la Fédération des employés salariés ruraux de l’État de Sao Paulo (FERAESP), organisation affiliée à l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA).

Selon les informations reçues par la CSI, ce militant du Mouvement Sans Terre a été assassiné dans l’État de Rio Grande do Sul par un agent de la Brigade militaire. D’après la FERAESP, la tentative d’assassinat qui visait Elio Neves était « une exécution qui, fort heureusement, a échoué ». M. Neves est l’un des principaux leaders de la lutte pour le travail décent dans le secteur agricole.

Ces faits se produisent dans le cadre plus général d’une violence rurale qui, au Brésil, ne cesse de faire des victimes parmi les travailleuses et les travailleurs, et ils reflètent dans toute sa brutalité la véritable ampleur du conflit pour la terre que le Brésil « traîne » derrière lui depuis toujours, sans lui avoir jamais trouvé de solution satisfaisante.

Dans une lettre adressée aux autorités brésiliennes, la CSI reconnaît l’engagement du Président et de son gouvernement en matière de justice sociale et de respect des droits de l’homme, et elle leur demande de prendre le plus rapidement possible les mesures nécessaires pour trouver les coupables de ces actes et garantir le respect des droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs ruraux, ainsi que des conventions fondamentales de l’OIT ratifiées par le Brésil.

« Les travailleuses et travailleurs ruraux doivent jouir des mêmes droits que les autres travailleurs », a déclaré Guy Ryder, Secrétaire général de la CSI. « Il est indispensable de mettre fin au climat d’extrême violence qui règne dans les zones rurales du Brésil ».

La CSI représente 170 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 312 organisations nationales de 157 pays.
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mercredi 2 septembre 2009

Harcèlement moral: "La Fouine" et Cie au secours du "Bernard l'ermite".

En 2000, afin de nommer chef du service des Archives un agent contractuel qui allait occuper durant 9 ans le poste, en dépit de plusieurs décisions de justice administrative -contre vents et marées donc- le gouvernement venait de modifier le texte précisant la condition de diplôme nécessaire pour être nommé chef du service des archives, par l’arrêté n° 99-237/GNC du 12 août 1999, en ajoutant des diplômes généraux « n’ayant aucune finalité technique et professionnelle spécialisée » (Dixit le tribunal administratif!).

Il convient ici de préciser que l’archivistique appliquée en Nouvelle-Calédonie est évidemment française et qu’en tant que telle, elle implique une formation de base en histoire, complétée d’une formation technico-professionnelle, spécialisée donc, ce qui semble assez aisé à comprendre… Comme dans tout service d’archives de France et de Navarre, donc, mais il est vrai que la Nouvelle-Calédonie n’est ni la France , ni la Navarre !

En 2000 donc, il m’est arrivé plusieurs non-évènements que je vais néanmoins rapporter ici, pour la petite histoire, parce qu’ils sont amusants (pour moi en tout cas) et révélateurs de certains travers de la nature humaine...

Un jour où j’étais sur le parking de l’université de Magenta, en compagnie d’un ami kanak, que nous appellerons Olivier, sur le point de rejoindre la salle où allait être donnée une conférence en histoire par un spécialiste métropolitain, j’entendis soudain une petite voix m’appeler. Quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir, non loin de là, qui me regardait, un historien local connu pour ses engagements passés (lesquels l’ont amené à pas grand-chose pour être honnête, et son comportement en est, à mon avis, grandement responsable). Surpris, parce qu’en 1995, nous appartenions à deux clans opposés d’un groupuscule dénommé « Génération calédonienne » : lui jouait le tireur de ficelles de l’ombre pendant que moi je faisais partie des jeunes cons qui y croyaient… Il y avait toujours des séquelles, d’où la prudence de son appel sans doute.

Cet individu, que j’avais ainsi indirectement traîné en justice suite à une histoire de trac anonyme mettant en cause ma probité « troudbalienne » (© Francky Lewis), me tint à peu près ce langage, résumé ici :

« Je sais que tu ne vas pas être content, mais Déwé m’a supplié de prendre le poste de chef du service des Archives. Je lui ai dit que je voulais bien, mais le problème, c’est que si je quitte mon poste d’enseignant de la Rivière-salée , je perds la prime, donc, pour compenser, il me faut la maison du gardien des Archives et je vais demander à Yves de ne pas trop faire de frais parce qu’il va devoir partir ». Yves, c’était le collègue à qui venait d’être affectée la maison du gardien, précédemment occupée par l’ancien chef de service. La prime, c'est celle attribuée à ces enseignants qui chaque jour, risque la mort, dans des quartiers à haut-risque, enfin vous savez bien, ceux où on trouve de véritables tueurs en culotte courte...

Je lui ai simplement répondu : « Tu sais très bien que je contesterai toute nomination abusive et sauf erreur, tu n’as pas les titres requis. »

Notre entretien s’est vite terminé, j’ai rejoint l’ami avec qui j’avais rendez-vous et à qui j’ai bien entendu raconté la déclaration du « candidat » au poste de chef du service des Archives.

Le lendemain matin, à peine arrivé au service, j’allais voir le fameux Yves pour lui raconter l’anecdote. Yves me dit : « je sais, il m’a appelé hier soir pour me dire la même chose ».

A cette époque, je devais partir à Marseille pour un congrès syndical. Je me doutais bien qu’il y avait des chances pour que le gouvernement nouvellement installé en profite pour diffuser la vacance de poste de chef du service des Archives. C’est ce qui s’est passé ! Ce n’était pas grave, parce que j’avais remis un dossier complet à mon camarade Claude Yeiwene, et à d’autres... De plus, je suis rentré deux jours avant le dernier délai, bien sûr inconnu à mon départ. J’ai donc pu poser ma candidature, ce qui m’a donné l’indispensable intérêt à agir pour ester en justice, et faire annuler les deux textes pris par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie : celui ajoutant des diplômes « n’ayant aucune finalité technique et professionnelle spécialisée» à la liste légitime et celui nommant un agent contractuel chef du service des Archives..

Pour en revenir à notre candidat évoqué plus haut, ce fut ce qu’il est d’usage d’appeler « un candidat malheureux » : ce n’est pas lui qui fut l’élu (et il ne fut jamais élu nulle part d’ailleurs), sans doute parce que ce qu’il racontait à chaque coin de rue correspondait très certainement à un désir profond, mais pas à la réalité. Peu après mon retour de Marseille, j’eus de nouveau la surprise de l’entendre, cette fois-ci m’implorer, au téléphone, de faire un recours pour … faire annuler la nomination de l’agent contractuel retenu, parce que lui, il était fonctionnaire et patati et patata... Lorsque je lui ai répondu du tac au tac : « Et pourquoi tu ne le ferais pas le recours ? », il m’a rétorqué: « Je ne peux pas, Déwé a signé l’acte et c’est une amie. » Je lui dis que de toute manière, le recours était prêt et que fort heureusement, je ne l'avais pas attendu pour le préparer…

Pour ma part, j’ai du respect pour Déwé, ce qui ne m’a pas empêché de faire annuler l'inacceptable: ces deux textes, puis, pour détournement de pouvoir, la scandaleuse suppression de la condition de diplômes survenue en 2007… Parce qu’il ne faut pas confondre « respect » et « couardise » : c’est pas pareil.

Le pire c’est que ce monsieur considérait à l’époque que tous les postes qui l’intéressaient lui revenaient de droit au motif qu’à une certaine époque, il avait bidouillé dans le milieu politique. Bref, la même pathologie que l’agent contractuel qui a squatté durant 9 ans le poste d’un fonctionnaire spécialiste.

Au fait, connaissez-vous le surnom de ce candidat malheureux du temps où il faisait de la politique ? Ce sont les membres de son ancien parti qui nous l’ont dit : « La Fouine ».

Pour finir, lorsque la ligue des droits de l’homme a diffusé un communiqué pour demander le respect des décisions de justice, « La Fouine » a fait partie des liches surgies de toute part pour « bramer au clair de lune » et tenter de culpabiliser les membres du bureau de la LDH : « Comment, mais « Le squatteur » est incontournable en Calédonie, et puis surtout il fallait pas prendre position pour Dubuisson, vous savez pas, etc. etc. »

Je ne sais pas ce qui s’est passé entre « La Fouine » et « Le Bernard d’ermite » pour que le premier prenne curieusement la défense du second, mais à mon avis, y’aurait eu de petits arrangements entre amis, option murène sous patate, que ça ne m’étonnerait pas plus que ça…

Il ne faut jamais sous-estimer le capacité de nuisance d’individus tels que ces deux là. La preuve ? Le communiqué de la LDH n’a été ni publié ni même cité par les principaux media de Calédonie (Les Nouvelles, RFO, etc.). C’est pas de bonne vieille censure ça ?

Mais j’avais pris l’habitude : en 1998, lorsque l’ancien chef du service des Archives prit l’avion pour « going home », « La Fouine » remua toute la Calédonie pour la dresser contre moi : j’étais alors le seul local à détenir le diplôme qui faisait tant défaut à ceux qui désiraient accéder aux mines d’informations conservées au service des Archives, et à lui en particulier. Il contribua grandement à me faire une réputation d’Infréquentable, mais je m’en fous : je suis plutôt d’une nature solitaire.

Pour finir, « La Fouine », c’était le surnom que ce « héros » avait en interne, dans son parti.. En externe, il était plus célèbre sous l’appellation de « Timoléon », vous savez, « l'homme au redoutable coup de rein » : ça vous dit quelque chose, maintenant ? Je vous en raconterai d’autres à son sujet, notamment comment ce César de l’enseignement s’est fait poignarder par le Brutus de La Foa , après l’avoir, selon ses propres dires, pistonner pour le faire passer de Bac – 3 à Bac + 4 (ah, le génie du système universitaire français !) à l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales) : ça de base !

Parce qu'à chaque fois, ces histoires d'intérêt personnel ont un lien avec notre activité professionnelle et bien entendu notre cahier de revendications...

Nicolas Dubuisson
Responsable CSTNC Administration générale

mardi 1 septembre 2009

Justice et administration: double vitesse? ou triple? ou plus?

Article lu dans les Nouvelles d’hier.
« Un jubilé et des bosses

Le 1er juin 2008, deux petits groupes avaient décidé de poursuivre la fête du jubilé Karembeu jusque sur la plage de Nouville. Le premier avait déjà pris ses quartiers sur le site tandis que le second était arrivé au petit matin, à bord d’un 4X4 qui s’était fait remarquer avec force dérapages. Ce qui avait été pris pour une provocation. Les choses en étaient rapidement venues aux mains : un coup de tête et la bagarre avait ensuite été générale. L’un des belligérants s’était même retrouvé moitié inconscient, la tête dans l’eau, mais avait finalement pu reprendre ses esprits. Le conducteur du 4X4, lui, était fermement resté au volant de son véhicule puisqu’il n’avait pas hésité à foncer sur des membres de l’autre groupe. Mauvaise initiative, surtout venant d’un policier de la Bac, muté depuis dans un autre service. Vendredi, les huit personnes impliquées dans cette bagarre générale ont été condamnées à des peines avec sursis allant de deux à cinq mois. Un seul a écopé d’une peine ferme. Et le tribunal a refusé la non-inscription de la peine au casier du fonctionnaire. »

Dire que le 1er février 2008, je passais en conseil de discipline pour des « injures, menaces et diffamations », accusations qui n’ont jamais fait l’objet de la moindre plainte, et pour cause : ces délits n’ont existé que dans l’esprit d’un pistonné maintenu durant 9 ans à un poste auquel il ne pouvait prétendre, avec l’appui d’un fan club de liches…

Une mutation d’office pour le flic qui a foncé sur un groupe ? Pour moi, le conseil de discipline béni oui-oui a proposé la révocation!

Que dire de plus ? Vive la justice coloniale, bien sûr !

J’ai une question : y aura-t-il procédure disciplinaire ou non, juste comme ça ?

Parce que la justice à deux vitesses, on connaît, en Frônce: une pour les riches, une pour les autres. Mais la justice à triple vitesse telle qu'on la connaît au Pays, il faut le voir pour le croire... Moi, mes plaintes au pénal, c'est bien simple: elles ont toujours été classées sans suite ou ont abouti à des non lieu. Jusqu'à présent!

Nicolas Dubuisson
Responsable CSTNC Administration générale

Cahier de revendications CSTNC et ADN: un destin commun!

La nécessité de protéger l'emploi local et de contrôler l'immigration, pour ne parler que de ces questions là, constituent des points de notre cahier de revendications ainsi que des notions précisées par le préambule de l'accord de Nouméa.

A ce sujet, voici le compte rendu des séances des 11 et 16 juin 1998 à l'Assemblée nationale, pour ceux que l'ADN intéresse:

On y parle de destin choisi, de destin partagé, de destin commun aussi, mais uniquement pour les Kanak et les Caldoches (une majuscule svp). Oh mon Dieu, y'aurait donc rien de commun pour les autres?

A noter: le projet de loi constitutionnelle relatif à la Nouvelle- Calédonie a remplacé in extremis un projet de loi relatif aux enquêtes techniques sur les accidents et les incidents dans l’aviation civile... ça ne s'invente pas!

Nicolas Dubuisson
Responsable CSTNC Administration générale

Gros Plan sur Baiba Cadore ( LIZDA – Lettonie).

CONFÉDÉRATION SYNDICALE INTERNATIONALE


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133/280809

Gros Plan sur Baiba Cadore ( LIZDA – Lettonie)

La politique anticrise dictée par le FMI fait des ravages dans l’éducation

Baiba Cadore, 29 ans, travaille comme enseignante à l’Institut technique de l’industrie légère, à Riga, capitale de la Lettonie. Conséquence d’un programme de réformes drastique mis en œuvre par le gouvernement, à la recommandation du Fonds monétaire international, son emploi comme celui de ses collègues est fortement menacé.

A l’approche de la rentrée scolaire, vous êtes parmi celles et ceux dont les emplois dans l’éducation sont en péril?

En effet. Le ministère de l’Education et de la Science a décidé de fermer l’Institut technique de l’industrie légère de Riga, où je travaille. Le ministère cherche à faire des économies sur notre institut vu que le nombre d’étudiants ne cesse de décroître. Selon toute apparence, le directeur de l’institut était au courant des plans de restructuration mais s’est gardé d’en parler aux enseignants. Ce n’est que lorsque le ministère a communiqué le texte définitif du projet que nous en avons été informés. Une situation étrange s’est produite dans le secteur de l’éducation. Les salaires des enseignants ont été revus à la baisse, au début de l’année, les enseignants ont vu leurs salaires réduits d’entre 15 et 30 pour cent. Personnellement j’ai déjà perdu 15% depuis janvier et le gouvernement a annoncé en juin que les salaires des enseignants seront réduits de moitié en septembre (1). Les salaires des directeurs d’écoles ont, eux, été maintenus, pour qu’ils ne se plaignent pas, se tiennent à carreau et ne se rallient pas à la lutte de leurs collègues.

Quels types de programmes d’enseignement spécialisés sont offerts à l’Institut technique de l’industrie légère de Riga ? Ces programmes ne répondent-ils pas aux besoins actuels du marché du travail en Lettonie ?

C’est le seul endroit où l’on enseigne le dessin textile. En fait, il s’agit du seul institut technique de Lettonie à former des spécialistes de l’industrie légère. Bien que le secteur de la manufacture textile soit en déclin en Lettonie, cela ne signifie pas que qu’il n’y ait pas un besoin de spécialistes. J’enseigne le dessin assisté par ordinateur depuis 3 ans.

A ma connaissance, l’UE soutient la rénovation des écoles professionnelles et le développement de programmes éducatifs. L’Institut technique de l’industrie légère de Riga a-t-il bénéficié de ces fonds ?

Oui, une quantité importante d’argent provenant du FSE a été consacrée à la rénovation de l’institut. Grâce à ces fonds, l’infrastructure de base de l’institut a pu être rénovée. Le ministère de l’Education et de la Science s’apprête à fermer non seulement notre collège mais aussi plusieurs autres centres. Cependant, il ne semble pas être fixé sur le nombre d’écoles à fermer ou le motif des fermetures. Une partie des écoles sera réorganisée à travers des fusions.

Combien de personnes seront licenciées ?

Notre institut emploie 34 enseignants et du personnel administratif. Après restructuration, une moitié d’entre nous pourra reprendre le travail mais seulement à temps partiel et moyennant une réduction de moitié du salaire des enseignants.

Vous et vos collègues êtes donc obligés d’évacuer les locaux de l’Institut technique de l’industrie légère de Riga ? Savez-vous ce qu’adviendra de ces locaux par la suite ?

Il serait apparemment prévu que le ministère de l’Education prenne possession de l’immeuble pour y installer un de ses départements, étant donné le coût exorbitant du bail dans le vieux centre de Riga. Vu le contrôle qu’exerce le ministère de l’Education sur notre école, prendre possession du bâtiment représente une simple formalité. Aucune raison claire n’a été avancée pour justifier cette prise de possession. Cependant, lors d’une visite quelques jours auparavant, des représentants du ministère ont signalé qu’ils avaient tout simplement besoin du bâtiment.

Obtiendrez-vous une indemnisation en cas de licenciement ?

Oui, je recevrai des indemnités mais seulement pour un mois. Le gouvernement a récemment adopté une nouvelle loi en vertu de laquelle l’indemnité allouée équivaudra à un mois de salaire pour les jeunes travailleuses et travailleurs et à un mois et demi de salaire pour les travailleuses et travailleurs avec quinze ou plus de quinze ans d’ancienneté. J’irai, pour ma part, rejoindre les rangs des personnes sans emploi, je pointerai à la bourse du travail et j’aurai probablement droit aux allocations de chômage durant trois mois ou moins. Je ne sais même pas pour combien de temps vu que nos lois changent toutes les semaines.

Le gouvernement s’est-il prononcé au sujet du financement des programmes de recyclage pour les personnes sans emploi ?

Le ministère de l’Education a promis d’octroyer des bourses de formation recyclage à hauteur de 20 millions de lats. Mais leurs plans déclarés sont, comme toujours, très vagues et je ne suis pas certaine que l’argent sera effectivement affecté à cette fin.

Votre mari travaille-t-il ?

Oui, mon mari Regn?rs travaille dans le secteur de la construction. Son entreprise exécute des chantiers publics, ce qui implique un risque de voir disparaître ces emplois à force de restrictions budgétaires. Déjà maintenant les salaires sont en retard et dans quelque temps, il pourrait se retrouver sans emploi.

En quoi votre vie a-t-elle changé ?

Nous vivons dans le pessimisme et l’incertitude. Je ne suis pas sûre de ce que nous ferons après. En ce moment je recherche activement un nouvel emploi. Je me suis mise à me demander si je devais changer de profession e. Nous avons même pensé quitter Riga – pour aller vivre à l’extérieur de la capitale, où le coût de la vie est nettement inférieur. On fait plus attention aux remises dans les supermarchés, à ce qu’on va acheter.

D’après vous, la réduction du budget dévolu à l’éducation relève-t-elle d’une initiative du Fonds monétaire international ou du gouvernement letton ?

C’est le FMI qui nous a imposé ce « devoir ». Une recommandation a été faite en vue d’une réduction des coûts. Outre les salariés de l’enseignement, des employés du secteur de la santé, des policiers et des sapeurs-pompiers ont également perdu leur emploi. Les réductions salariales ont porté sur l’ensemble du secteur public, où les salaires ont reculé de 20 pour cent. Ils ferment des écoles, des hôpitaux et même des écoles de police.

Selon vous, le gouvernement devait-il prendre ces mesures ou aurait-il pu s’en sortir autrement ?

Le gouvernement aurait dû mettre sur pied un système où les personnes à revenus plus élevés payeraient plus d’impôts. A l’heure actuelle, vu la diminution des postes de travail et la hausse du chômage, le gouvernement ne collecte pas suffisamment d’impôts pour le budget et ne peut donc affecter des ressources supplémentaires aux besoins sociaux. La situation s’est détériorée mais j’ignore quelle est la solution à ce problème.

Pensez-vous pouvoir survivre sans le prêt du FMI ?

Je ne sais pas. Je ne dispose pas de suffisamment d’informations pour pouvoir l’affirmer. Il n’y a pas beaucoup de discussions à ce sujet.

Êtes-vous membre d’un syndicat ?

Oui, j’ai adhéré au Syndicat des travailleurs de l’éducation et de la science. J’avais participé à divers événements syndicaux, rencontré des collègues et obtenu des conseils. Je suis membre du syndicat depuis plus d’un an déjà.

Les syndicats lettons se montrent-ils suffisamment actifs en ces temps de crise et sont-ils en mesure d’aider les travailleurs ?

Naturellement, les syndicats aident énormément. Les représentants sont constamment engagés dans des négociations avec le gouvernement sur les amendements qu’ils souhaitent voir adopter. Les syndicats ont réussi à limiter le nombre de licenciements. Ils surveillent activement le processus en cours et organisent des manifestations.
Le défilé du 2 avril a rassemblé des milliers d’enseignants. Les enseignants ont défilé dans Riga durant plusieurs heures.

Et la manifestation de janvier, quand l’émeute a éclaté …

Oui, il y avait beaucoup de gens. J’y ai participé. Mais je me sentais menacée dès le début, lorsque je me suis retrouvée au milieu d’une foule de jeunes qui parlaient majoritairement le russe et qui semblaient déterminés à causer des problèmes. Tout le vieux centre de Riga regorgeait de jeunes en état d’ébriété. Puis les émeutes ont éclaté. Cet événement n’était pas organisé par les syndicats. Un des partis lettons en était responsable. Bien qu’il s’agît d’un rassemblement pacifique de personnes voulant attirer l’attention sur les droits humains et les projets de loi iniques adoptés récemment au parlement, les choses ont mal tourné.

D’après vous, la situation en Lettonie va-t-elle s’améliorer ou se détériorer sur le court terme ?

Je pense qu’elle ne peut que se détériorer. Il n’y a pas le moindre signe d’une amélioration et l’automne risque d’être encore pire. Les autorités devraient réfléchir et arrêter de licencier en masse. Chaque employé contribue au budget tous les mois et chaque licenciement prive le budget de fonds. Je dirais qu’il vaudrait mieux réduire les impôts et stimuler les petites et moyennes entreprises, améliorer l’économie et injecter plus d’argent dans le budget. Il y a un besoin de créer de nouvelles entreprises mais non de les fermer. Les agriculteurs se trouvent, eux aussi, dans une impasse, à cause de la chute des prix d’achat du lait et des laitages. Cependant les prix de vente en magasin restent inchangés.

Faut-il s’attendre à de nouveaux troubles sociaux en Lettonie ?

Je pense qu’il y en aura, y compris parmi les enseignants qui ont perdu leur emploi. Je trouve qu’ils le « doivent » au gouvernement. Le syndicat des travailleurs de l’éducation y contribuera certainement.
Le gouvernement affirme qu’il y a un excédent d’enseignants. D’après des statistiques publiées récemment par le ministère de l’Education, le rapport enseignants-étudiants en Lettonie est de 1 pour 6 seulement. J’ignore si ce chiffre est correct. Ils parlent d’un déclin du nombre d’étudiants. Mais si vous regardez les jardins d’enfants, les taux de natalité sont si élevés qu’il n’y a pas suffisamment de places pour les enfants. Pour chaque enfant accepté dans une école maternelle, un autre doit s’inscrire et se joindre à la file d’attente. Dans la ville de Riga, en particulier, il y a une pénurie d’écoles maternelles.

Renarts, mon fils de 7 ans, est aujourd’hui en première année. Son école primaire procède, elle aussi, à une réduction du personnel enseignant. Auparavant, les classes de primaire étaient formées avec un minimum de 15 enfants mais aujourd’hui une classe est censée avoir au moins 34 enfants. Deux enseignants de primaire ont déjà perdu leur emploi à cause du « manque » d’élèves. L’école de notre fils Renarts a donc, elle aussi, souffert.

Propos recueillis par Kestutis Salavejus.

(*)Latvijas Izgl?t?bas un Zin?tnes darbinieku arodbiedr?ba (LIZDA): Syndicat des travailleurs de l’Education et des Sciences.

(1) Les salaires des fonctionnaires avaient déjà été diminués d’au moins 15 pour cent en décembre dernier et à la mi-juin, le gouvernement a annoncé que les salaires de tous les enseignants seront réduits de moitié au 1er septembre. Ce 1er juillet, les pensions ont été amputées de 10% pour les pensionnés qui n’exercent plus d’activités et de 70% pour les pensionnés encore en activité. Par ailleurs les parents qui travaillent perdent 50% des allocations familiales.

La CSI représente 170 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 312 organisations nationales de 157 pays.

Site web: http://www.ituc-csi.org http://www.youtube.com/ITUCCSI

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le service presse de la CSI au: +32 2 224 0204 ou au +32 476 621 018.

lundi 31 août 2009

Harcèlement moral: le vœu du Conseil économique et social.

La question avait été abordée dans un billet précédent.

Les Nouvelles calédoniennes du 10 août 2009 font état du vœu émis par le Conseil économique et social. L'article fait suite à celui du 6 août 2009:

"Les sages s’intéressent au harcèlement au travail.

Le Conseil économique et social livrera, demain, un nouveau rapport sur le harcèlement moral et sexuel au travail. Dénoncé depuis huit ans, le phénomène continue de prospérer en raison d’un vide législatif.

Faudra-t-il harceler les hommes politiques, pour qu’ils s’occupent du harcèlement au travail ? Ce problème, insidieux mais dévastateur, est apparu sur la place publique dès le début des années 2000, en Nouvelle-Calédonie. Avec une affaire tragique, d’abord. Celle du suicide d’une employée de la compagnie EEC, en 2001, harcelée par un chef de service (l’homme et son entreprise ont été condamnés). Une levée de bouclier syndicale avait suivi. Sur la demande du gouvernement de l’époque, le Conseil économique et social a rendu, en 2002, un premier rapport sur le sujet.
Verdict : la Nouvelle-Calédonie doit légiférer sur le sujet, puisque chez nous, seules les dispositions du code pénal (transposées depuis la Métropole) sont applicables. Pas un mot dans le droit du travail, une compétence transférée en 1999. Aucune structure spéciale non plus, pour faire appliquer ne serait-ce que les textes existants. Le sujet fait partie des chantiers du dialogue social, mais aucun consensus n’a encore été trouvé. C’est toute cette problématique que traitera, demain, le CES (1), sept ans après son premier rapport. La séance s’annonce passionnante. Elle sera publique, et débutera à 9 heures dans l’hémicycle de la province Sud à Nouméa.

(1) Le Conseil économique et
social regroupe des représentants de salariés et de patrons, ses
travaux sont consultatifs. "

Voici l'article du 10 août 2009:

"Une loi et des moyens contre le harcèlement.

Les sages du Conseil économique et social (CES) demandent au gouvernement d’inclure la notion de harcèlement moral et sexuel dans le code du travail. Le vœu a été voté, vendredi, à la grande majorité des conseillers.

C’est une piqûre de rappel, la première n’ayant servi à rien. Sept ans après un premier rapport, le CES a remis une couche sur le harcèlement moral et sexuel en milieu professionnel.
Dans un vœu adopté hier à l’unanimité (moins une abstention de l’USTKE, qui affirme ne pas avoir été consultée), les représentants de salariés et de patrons conseillent au gouvernement d’inclure ces notions dans le droit du travail, ce qui n’a jamais été fait depuis le transfert de la compétence, en 1999. Seul le code pénal, et depuis mai 2009 seulement, permet à des personnes d’agir dans le cadre professionnel, si elles s’estiment victimes de harcèlement. Cette notion de harcèlement est précise et ne doit pas être confondue, écrivent les conseillers, avec les « problèmes liés à la dégradation des relations du travail (...) courantes en Nouvelle-Calédonie». C’est pourquoi il conviendrait de « mettre en place un dispositif (...) adapté aux spécificités de la Nouvelle-Calédonie ». Les sages demandent aussi l’extension des dispositions anti-harcèlement à la fonction publique, et « le renforcement des moyens humains, juridiques et financiers de la Direction du travail et de l’emploi (DTENC) » et « qu’une politique de prévention soit mise en œuvre ».
Le vœu et le rapport seront bientôt consultables sur le site internet du conseil (www.ces.nc). Ces documents sont cependant moins complets que ceux publiés en 2002, également téléchargeables sur le site."

Quoi qu'il en soit, il est nul besoin d'attendre que le code du travail soit modifié pour porter plainte en cas de harcèlement moral sur le lieu de travail: il s'agit désormais d'un délit, tout comme le harcèlement sexuel, et quel que soit le lieu fort heureusement.

La plainte avec constitution de partie civile qui relancera la plainte simple du 30 décembre 2008 (sans suite à ce jour), intégrera cette donnée, pour la période concernée bien entendu.

Nicolas Dubuisson
Responsable CSTNC Administration générale

dimanche 30 août 2009

Les assassinats de syndicalistes en Colombie se succèdent sans fin.

CONFÉDÉRATION SYNDICALE INTERNATIONALE

CSI En ligne
132/270809

Les assassinats de syndicalistes en Colombie se succèdent sans fin

Bruxelles, le 27 août 2009: une fois de plus, la CSI dénonce et condamne énergiquement l’assassinat d’un syndicaliste colombien; il s’agit cette fois-ci de Fredy Díaz Ortiz, membre de l’Association syndicale des employés de l’Institut national pénitentiaire et carcéral ASEINPEC, affilié à la « Confederación General del Trabajo » (Confédération générale du travail, CGT), et qui s’est produit le 22 août 2009 dans la ville de Valledupar, département de César.

La CSI s’unit à la CSA et à ses organisations affiliées colombiennes pour rejeter vigoureusement cet assassinat qui endeuille une fois de plus la classe ouvrière et le mouvement syndical national, régional et international. L’assassinat s’est produit au moment où Fredy Díaz Ortiz attendait un moyen de transport en commun pour se rendre sur son lieu de travail à la prison de haute sécurité de Valledupar. Deux individus à moto ont alors tiré sur lui plusieurs coups de feu qui ont entraîné sa mort, après l’avoir violemment frappé.

Dans
une lettre adressée aux autorités colombiennes, la CSI demande à ces autorités, et notamment au ministère public, de prendre de toute urgence toutes les mesures nécessaires pour que les enquêtes qui s’imposent soient immédiatement diligentées, et permettent d’élucider les faits et de châtier de manière exemplaire les responsables de ce lâche assassinat.

« Ce nouvel acte de violence à l’encontre d’un syndicaliste est insupportable. Il est nécessaire de construire en Colombie une démocratie véritable qui protège ses syndicalistes, ainsi que ses travailleurs et travailleuses », a déclaré Guy Ryder, Secrétaire général de la CSI.

La CSI représente 170 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 312 organisations nationales de 157 pays.

Site web: http://www.ituc-csi.org http://www.youtube.com/ITUCCSI

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le service presse de la CSI au: +32 2 224 0204 ou au +32 476 621 018.

samedi 29 août 2009

Harcèlement moral : pièce F de la plainte du 7 août 2007.

Après la pièce C, voici la pièce F de la plainte du 7 août 2007 : mon camarade Claude Yeiwene y apporte un témoignage intéressant.

Qu’il en soit encore remercié ici, de même que les rares personnes qui en ont fait autant, parce qu’il est très difficile de se trouver des témoins quand on est dans ce genre de situation…

Nicolas Dubuisson



Responsable CSTNC Administration générale

jeudi 27 août 2009

Guatemala: inefficacité du système de la justice du travail.

CONFÉDÉRATION SYNDICALE INTERNATIONALE (CSI)

CSI En ligne131/250809

Guatemala: inefficacité du système de la justice du travail

Bruxelles, le 18 août 2009 (CSI En ligne): La CSI, ainsi que la « Confédération de l'unité syndicale du Guatemala» (CUSG), la « Centrale générale des travailleurs du Guatemala » (CGTG) et UNSITRAGUA, sont profondément inquiètes des accusations gravissimes de corruption et d’impunité concernant les systèmes administratif, judiciaire et de la justice du travail guatémaltèques, situation qui affecte tous les travailleurs et toutes les travailleuses ainsi que leurs organisations syndicales, surtout celles qui affirment leur indépendance et leur autonomie.

La mission de l’OIT qui a visité le Guatemala au mois de février de cette année a signalé avec inquiétude l’absence générale d’indépendance du pouvoir judiciaire et des organes gouvernementaux en matière de droit du travail. Le « Mouvement syndical, indigène et paysan guatémaltèque » (MSICG) dénonce depuis longtemps déjà, aux niveaux national et international, la totale inefficacité du système de la justice du travail et de la justice judiciaire dans ce pays.

Selon les informations transmises à la CSI, il existe, entre autres, une incohérence entre les décisions des juges et des magistrats en matière de travail et ce que prescrivent les lois et les conventions internationales, des retards injustifiés dans les procédures en matière de justice du travail, retards qui peuvent atteindre 23 ans, l’établissement et la diffusion, à des fins d’intimidation, de listes où figurent les noms des travailleurs et travailleuses qui ont fait valoir leurs droits devant une instance quelconque, ou ont exercé leur droit à la liberté syndicale, mais on constate également que les jugements en matière de droit du travail ne sont pas respectés, et ce en toute impunité, et enfin la passivité des professionnels de la justice face à cette situation.

La Confédération syndicale internationale estime que l’État guatémaltèque doit entamer sans délai une action concertée en vue d’assainir le système de la justice du travail, ainsi que le système judiciaire dans son ensemble. « Un pays ne peut fonctionner sans un système de justice du travail et sans un système judiciaire solides », a déclaré Guy Ryder, Secrétaire général de la CSI. « Le respect des droits du travail, et notamment de la liberté syndicale, est indispensable ».

Dans une lettre
adressée aux autorités guatémaltèques, la CSI demande au président Álvaro Colom de faire tout ce qui est en son pouvoir pour définir et mettre en œuvre de nouvelles politiques de l’État, qui protègent et respectent le droit du travail. « Ces lois doivent être sévères, afin d’en finir avec la corruption », a conclu Guy Ryder.

La CSI représente 170 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 312 organisations nationales de 157 pays.Site web:
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Harcèlement moral: pièce C de la plainte du 7 août 2007.

mardi 25 août 2009

Gros plan sur Nadezda Azhgikhina (RUJ, Russie).

CONFÉDÉRATION SYNDICALE INTERNATIONALE (CSI)

CSI en ligne
130/250809

Gros plan sur Nadezda Azhgikhina (RUJ, Russie)

Promouvoir l’égalité de genre dans le respect des diversités

Bruxelles, le 25 août 2009 (CSI en ligne): En Russie, les journalistes sont majoritairement des femmes. Mais comment combattre les stéréotypes et inégalités qui subsistent à leur égard ? Nadezda Azhgikhina est membre du Conseil du genre (*) de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et membre du conseil national du syndicat russe des journalistes (RUJ), où elle assure la responsabilité des projets et échanges internationaux. Spécialiste des questions de genre, elle recommande de poursuivre les campagnes de sensibilisation, notamment parmi les dirigeants des médias et des syndicats. A l’approche de la conférence mondiale des femmes de la CSI qui se tiendra à Bruxelles en octobre, elle insiste sur la nécessité du partage d’expériences et du respect des diversités d’approche dans l’élaboration de stratégie globale en faveur de l’égalité.

Quelles sont les grandes étapes de votre parcours professionnel?

J’ai commencé à travailler dans le journalisme lorsque j’étais encore adolescente. Mes premiers articles ont été publiés dans un journal national pour les jeunes (tirage à 17 millions d’exemplaires, c’était au temps de l’URSS). Je suis devenue journaliste permanente de ce journal une fois diplômée de l’Université d’État de Moscou et j’ai ensuite travaillé pour le magazine hebdomadaire Ogoniok (la petite flamme), symbole de la perestroïka et de la démocratisation en URSS. Ensuite, je suis devenue responsable de département avant de rejoindre le conseil éditorial du magazine, à 30 ans ; j’étais la seule femme et la plus jeune du conseil. Tout le monde m’appréciait en tant que journaliste et que personne, mais j’ai immédiatement été victime de discrimination sexiste (dissimulée et peu claire, mais néanmoins manifeste). À cette époque, je traitais des questions de parité des sexes après la chute du communisme et de nombreux collègues (des deux sexes) ne comprenaient pas le problème.En 1992, mes collègues et moi avons créé l’Association des journalistes femmes, une ONG, et jusqu’en 2003 j’ai travaillé en Russie et à l’étranger, préparant de nombreuses publications, études, discussions et conférences publiques ainsi que des sessions de formation. En 1995, j’ai été invitée par le journal national Nezavisimaya (l’indépendant) à diriger sa rubrique « Femmes », ce que j’ai fait jusqu’en 2001. J’ai ensuite rejoint le Syndicat des journalistes russes (RUJ) en tant que secrétaire (membre du conseil national) chargée des programmes créatifs et des questions d’égalité des sexes. Aujourd’hui, j’écris ma propre rubrique dans un hebdomadaire national indépendant, le Delovoy Vtornik (mardi affaires). J’ai publié et édité 15 livres sur les questions d’égalité des sexes, la culture et les médias.

Comment évoluent selon vous les questions d’égalité dans votre environnement de travail ?

La situation en Russie est bien meilleure qu’il y a 16 ans. En Russie, la majorité des journalistes sont des femmes, et nombre d’entre elles dirigent et possèdent des médias, mais le plus souvent au niveau régional. La propriété et la gestion des médias nationaux restent un secteur dominé par les hommes. Les stéréotypes existent toujours, malgré des dizaines de sessions de formation et de débats. Mais cela prend du temps. De nombreux propriétaires de médias comprennent que les femmes travaillent mieux (ils n’en étaient pas sûrs il y a 15 ou 20 ans), mais ils ne paient pas assez et les femmes sont prêtes à être moins bien rémunérées que les hommes.

Beaucoup de femmes sont des responsables régionales du RUJ et sont très efficaces. Mais selon les idées reçues, les principaux dirigeants de presse en Russie doivent être des hommes, les hommes couvrent mieux les conflits, les femmes ne devraient pas aller dans les pays en guerre (car elles peuvent se faire tuer) et ne devraient pas être chargées des investigations. Mais ces idées toutes faites sont inexactes : les plus grands reporters de guerre sont des femmes. Je pense que les pires clichés sont ceux qui concernent le travail en général : les femmes gagnent moins et leurs besoins en tant que femmes et mères de famille sont négligés ; il n’existe pas de protection sociale et cette question n’est pas considérée comme une priorité.

Quelle est, selon vous, la meilleure manière de combattre ces attitudes, au niveau national ? Et au niveau international ?

Il est important de discuter davantage, d’organiser des campagnes nationales et internationales en se servant des caractéristiques et des cultures nationales, notamment l’art et la littérature, pour faire évoluer l’opinion publique. Il faudrait plus de débats au sein des syndicats et des sociétés de médias, davantage d’information devrait circuler et des réunions internationales devraient être organisées pour que les gens puissent partager leurs expériences. Nous devons d’abord créer un impact sur l’opinion publique et impliquer le plus de monde possible. Nous avons essayé d’organiser différents événements : concours sur les questions d’égalité des sexes, foires, expositions « Stop au sexisme » en Russie et ailleurs, des débats publics, des émissions TV et radio, etc. Nous avons coopéré avec des « gender centers » (centres de promotion de l’égalité des sexes) et d’autres ONG. Mais on pourrait faire plus.

Les médias continuent de traiter de manière insuffisante et souvent inappropriée la question des violences envers les femmes. Comment évaluez-vous l’évolution de la presse russe à cet égard ?

La violence domestique est un sujet grave (introduit il y a une quinzaine d’années grâce aux efforts combinés d’ONG et de femmes journalistes) qui est régulièrement évoqué, présenté dans des séries TV, etc. C’est une question souvent traitée, de même que la violence envers les femmes. La violence est partout en Russie et le public y est sensible. De nombreux journalistes des deux sexes couvrent cette question, mais pas assez (la vie quotidienne n’est pas suffisamment évoquée et la violence est parfois présentée sous l’angle du scandale). Mais on peut noter une grande différence entre aujourd’hui et il y a quelques années, lorsque l’on n’avait pas conscience de la problématique hommes-femmes. Le trafic de femmes est également évoqué dans de nombreux médias nationaux, y compris dans l’audiovisuel. Récemment, tous les médias ont parlé de la poursuite de trafiquants. Le RUJ organise des concours dans les médias sur l’égalité des sexes, traite depuis plusieurs années de la violence envers les femmes et a publié une collection des meilleurs articles de la presse russe sur la violence. Nous discutons régulièrement de cette question au club des journalistes femmes de Moscou et dans les régions.Je pense que la formation aux questions de genre est importante pour les correspondants qui couvrent les crimes, mais aussi pour les dirigeants de médias.

Comment a débuté votre engagement syndical ?

J’ai rejoint le syndicat en 1985, alors que j’étais une jeune journaliste. J’ai participé à certains événements du RUJ à partir du début des années 1990, lorsque nous avons lancé l’Association des journalistes femmes et évoqué les discriminations sexistes dans les professions et dans la couverture médiatique. De ce fait, on m’a souvent proposé un emploi au sein du syndicat. J’ai rejoint le RUJ en 2001, après la faillite de mon journal, et y ai apporté l’activité de l’Association au RUJ. Rapidement, elle est devenue un pilier de l’organisation ; il existe en effet tellement de femmes qui travaillent maintenant dans les médias en Russie.Aujourd’hui, je suis responsable des projets et échanges internationaux, dont les questions de parité des sexes font partie.

Quelle est la place des femmes dans le Syndicat des journalistes de Russie ? Quelle politique pourrait, selon vous, contribuer à faire avancer la position des femmes ?

Les femmes occupent 30 % de la direction nationale du RUJ et elles constituent une part très active de la direction régionale. Elles sont respectées et efficaces. Je pense que nous avons besoin d’une stratégie pour l’égalité des sexes en général, et d’une stratégie de renforcement du syndicat avant tout. Le problème, c’est le manque de sensibilisation à la problématique hommes-femmes de la majorité des dirigeants et des membres du syndicat, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. La prise de conscience doit être améliorée.

En octobre 2009 se tiendra la Conférence mondiale des femmes de la CSI, avec pour thème « Un travail décent, une vie décente pour les femmes : les syndicats en avant pour la justice et l’égalité économique et sociale ». Que vous inspire ce thème dans votre vie au jour le jour ?

Les syndicats doivent travailler sur la question et il est très important que les femmes journalistes en Russie aient un travail décent et une vie décente. Mais je ne veux pas parler que des femmes, car en Russie, l’espérance de vie des journalistes hommes n’est pas bonne, ils ont une mauvaise santé et quittent la profession. Les questions liées à l’égalité des sexes doivent être discutées dans leur ensemble, en incluant tous les besoins spécifiques à chacun. Nous avons également besoin d’hommes dans le journalisme (à l’heure actuelle, environ 80 % des journalistes en exercice, hors dirigeants, sont des femmes). Et nous avons besoin de restaurer le respect envers cette profession, et avant envers le journalisme, et les besoins des femmes doivent être notre symbole ici, tout comme ce fut le symbole des démocrates russes au début du xxe siècle en Russie.

En tant que professionnelle des médias, quel message aimeriez-vous transmettre aux femmes syndicalistes des diverses régions du monde qui participent à cet événement ?
J’aimerais appeler tout le monde à s’écouter, à partager ses expériences et à faire preuve d’ouverture d’esprit. Le monde est vraiment très varié et les femmes souffrent partout, plus que les hommes, mais de manière différente et dans des conditions diverses. Et dans le monde entier, les femmes ont chacune une stratégie différente de se protéger.

J’aimerais également prêter attention à la culture et au rôle de celle-ci dans les messages sur l’égalité des sexes, à la créativité et la véritable solidarité féminine. Il n’existe pas une recette unique et valable pour tout le monde, même si nous partageons les mêmes droits humains et les mêmes valeurs d’égalité des sexes et que nous avons des idées sur le syndicalisme idéal (et les syndicats et syndicats de journalistes sont également très divers dans le monde). La vie est bien plus complexe et il est important de garder cette complexité à l’esprit pour que cet événement soit un succès et obtenir l’égalité et le respect réels pour tous.

Entretien réalisé par Natacha David.

(*) Voir la déclaration de la Fédération Internationale des Journalistes « Ethique et Genre: Egalité dans les salles de rédaction, Bruxelles, 30 et 31 mai 2009 », à l’adresse:
http://www.ifj.org/assets/docs/221/135/ed6b4dd-70a5b87.doc

Cette déclaration a été publiée à l’issue de la conférence de la FIJ à laquelle Nadezda Azhgikhina participait à Bruxelles, parmi une soixantaine de journalistes du monde entier.-Plus d’information sur les politiques de la FIJ en matière de questions de genre à l’adresse :

http://www.ifj.org/fr/pages/questions-de-genres

La CSI représente 170 millions de travailleurs/euses au sein de 313 organisations affiliées nationales dans 157 pays.

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lundi 24 août 2009

Recensement de la population : le critère ethnique est-il légal ou non ?

Le recensement de la population provoque des interrogations sur la légalité du critère ethnique : le billet de Caledosphere en donne une illustration.

L’article des Nouvelles du 12 mars 2009
évoque le passage obligé par le Conseil d’Etat : « Seule condition : que le Conseil d’État l’autorise par décret. C’est à ce décret que le gouvernement a donné hier un avis favorable. »

Or, il suffit de lire le communiqué officiel du gouvernement pour constater que ce dernier a donné son avis favorable au projet de décret fixant la date et les conditions dans lesquelles sera exécuté le recensement général de la population de Nouvelle-Calédonie en 2009, et non pas à celui du Conseil d’Etat, comme indiqué par l’article des Nouvelles… Bourde 1 !

Part ailleurs, l’article annonce : « La loi « informatique et liberté » de 1978, qui interdit les références à l’appartenance ethnique en France métropolitaine, les autorise explicitement pour la Nouvelle-Calédonie dans l’alinéa 3 de son article 31 ». Or, j’ai eu beau regarder l’article 31 dans tous les sens : que dalle ! Bourde 2 !

En revanche, l’article 8 précise en son point « I. - Il est interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci. » : la règle, donc…

Le même article donne, parmi les exceptions non soumises à l’interdiction et notamment en son point « 7° Les traitements statistiques réalisés par l’Institut national de la statistique et des études économiques ou l’un des services statistiques ministériels dans le respect de la loi n° 51-711 du 7 juin 1951 sur l’obligation, la coordination et le secret en matière de statistiques, après avis du Conseil national de l’information statistique et dans les conditions prévues à l’article 25 de la présente loi ; »

En voici le texte annoté de cette loi pour ceux qui aiment.

A mon humble avis de non-spécialiste (je précise bien !), c’est sur cette disposition que se sont appuyés l’Etat et le gouvernement NC pour organiser, en se reposant sur l’ISEE, le recensement intégrant le critère ethnique. Je n'ai pas tout épluché, mais c'est ce qu'il me semble comprendre!

Et si c’est bien ça, la mention d’un avis obligatoire du Conseil d’Etat constitue une troisième bourde : le seul avis de la CNIL suffit, conformément à l’article 27 de la loi précisée ci-dessus, point « II. - Sont autorisés par arrêté ou, en cas de traitement opéré pour le compte d'un établissement public ou d'une personne morale de droit privé gérant un service public, par décision de l'organe délibérant chargé de leur organisation, pris après avis motivé et publié de la Commission nationale de l'informatique et des libertés :
(…)
3° Les traitements relatifs au recensement de la population, en métropole et dans les collectivités situées outre-mer ; »

Or, la CNIL a quant à elle bien donné son avis par délibération n° 2009-317 du 7 mai 2009 ‘estimant que « le recueil de l'appartenance ethnique des personnes, compte tenu des caractéristiques sociodémographiques propres au territoire de Nouvelle-Calédonie, répond à un motif d'intérêt public [...] ». ‘

Donc, le critère ethnique est donc bien légal, mais pas tout à fait pour la raison foireuse renvoyant à une référence fantaisiste donnée par l’article des Nouvelles… Ou je n'ai rien compris, ou tous les journalistes se sont servis à la même source ...

En passant, il est quand même intéressant de noter que la loi informatique et libertés prévoit pas moins de 8 catégories d’exceptions à la règle qui interdit « de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci » .

Il est donc inexact de dire que la Nouvelle-Calédonie a bénéficié d’un traitement de faveur, comme le laisse-entendre l’article des Nouvelles. Elle n’est même pas visée « explicitement » comme le dit l’article : bourde 4 !

La fausse piste viendrait donc de cet article des Nouvelles : quatre bourdes dans un encart de 10 lignes, c’est du concentré ma parole ! Une truie n’y retrouverait pas ses poussins…

Et je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas eu de rectificatif de la part des autorités compétentes comme on dit ! Maintenant, on voudrait inciter à faire des recours inutiles, comme ça, pour rigoler, qu’on ne se serait pas pris autrement : un bon p’tit coup de désinformation et c’est parti mon kiki !

Moi, j’m’en fous : j'ai pas pu cocher la case "Caldoche", alors depuis peu, je suis Kanak de citoyenneté !

Nicolas Dubuisson
Responsable CSTNC Administration générale